Le Cerveau Vert de Frank Herbert

Le Cerveau Vert (The Green Brain) est l’un des romans de Frank Herbert qui attendait patiemment son tour d’être lu au sommet de ma pile de romans de science-fiction. Le livre met en scène un avenir proche où se déroule la dernière lutte de l’homme contre la nature.

Le cerveau vert en résumé

L’humanité est en train de gagner sa plus ancienne guerre, celle du contrôle de la planète contre le reste du monde vivant. Le résultat de cette éradication méthodique ? L’extermination pure et simple de l’intégralité des insectes présents sur la surface à coup de poisons et autres armes biologiques et technologiques.

Pour donner une représentation physique à ce processus destructeur, la terre est divisée en deux grandes zones : la « zone verte » que l’humanité présente comme intégralement conquise et désinfectée de toutes petites bestioles, et la « zone rouge », qui reste encore à nettoyer. Elle est perçue comme étant sauvage et dangereuse.

Alors que les derniers ilots rouges sont assiégés par l’humanité et leur désinfection planifiée émerge le « cerveau vert » : un organisme unique, intelligent, nouveau, qui se forme dans la jungle brésilienne. C’est un pur esprit, issu de la nature et qui met en place une stratégie de défense. Les insectes deviennent une armée organisée, qui évolue rapidement pour affronter les nouveaux poisons des humains, se dotant même de la capacité à créer des créatures humanoïdes semblables à des hommes, dont la mission est d’infiltrer la « zone verte ».
Au milieu de ces nouvelles tensions, le roman se concentre sur une équipe de personnes perdues au milieu de la zone rouge, affrontant et découvrant cette nouvelle force, aux desseins inconnus.

Une œuvre méconnue de Frank Herbert

Frank Herbert est principalement connu pour son œuvre Dune. Le premier tome a d’ailleurs été publié juste un an avant le cerveau vert (1976). C’est sans surprise que l’on retrouve des thèmes similaires aux deux romans : la question de l’impact de l’homme sur son environnement, la conception de « plans dans les plans » effectuée par les protagonistes principaux, mais aussi la question de l’évolution idéologique et physiologique de l’humain.

Après une présentation des différents partis, l’histoire nous plonge rapidement au cœur de la jungle brésilienne, où les survivants d’une expédition tentent de résister à un phénomène inconnu, et fuite désespérée en direction de la civilisation. La réaction psychologique de ces humains assiégés devient alors l’enjeu du roman.

Frank Herbert va plus loin qu’une simple description du comportement humain. Le point de vue du Cerveau Vert est régulièrement abordé. C’est un être nouveau, jeune, qui possède beaucoup d’incertitudes, et qui se découvre de plus en plus d’émotions humaines, alors qu’il a pour mission de préserver un monde animal dont il a la responsabilité et qu’il dirige.

Entre deux scènes d’actions, l’évolution de l’intrigue et les dialogues poussent le lecteur à chercher instinctivement qui est l’affreux de l’histoire. Mais l’univers du Cerveau Vert ne met pas en scène de grands méchants pervers et calculateur et oublie toute nuance manichéenne. La question du choix personnel s’impose: « ai-je choisi mon camp, où suis-je esclave de mon statut de départ ». L’on constate même que le personnage se rapprochant le plus d’un véritable ennemi se révèle soumis à sa condition et enchaîné à ses certitudes.

Le cerveau vert : un livre à lire ou réservé aux passionnés ?

Ce livre m’a confronté à La Grande Question qui retourne mon cerveau gris à chaque fois que je découvre une nouvelle œuvre d’un artiste que j’apprécie : « est-ce que j’aime parce que j’aime l’artiste, ou parce que j’aime véritablement l’œuvre » ?

Difficile de trouver une réponse pour le Cerveau Vert. L’histoire est assez courte et pas assez poussée comparée à d’autres œuvres de Herbert. Néanmoins, on découvre un roman aux thèmes et à la tonalité terriblement actuelle. Jamais nous n’avons autant parlé d’écologie, considéré notre impact réel sur la nature, alors qu’en parallèle, jamais nous n’avons autant pollué, autant nié les dégâts, à rester si ignorant de la réalité. Et même si nous faisons fausse route, nous continuons dans l’erreur. Pire, nous imposons à tous les autres peuples notre logique, car quitte à aller dans le mur, autant le faire tous ensemble.

Le Cerveau Vert s’adresse aux fans de Frank Herbert, qui retrouveront la plume si spécifique de l’écrivain, ainsi que ses thèmes de prédilection. À ceux qui veulent découvrir l’auteur, allez plutôt découvrir directement Dune. Enfin, j’encourage les personnes sensibles aux thèmes écologiques présentés plus haut à le lire, surtout si vous avez une affection particulière pour l’anticipation.

Néanmoins, prenez en compte que l’histoire récupère un défaut récurrent d’Herbert : une histoire qui met du temps à s’installer, ce qui est dommage vu que l’on a affaire à une œuvre courte. Autre petit reproche, bien que surprenante et intelligente, la fin de l’œuvre aurait mérité quelques pages supplémentaires.

En définitive, oui, j’ai réellement aimé ce roman. À défaut d’avoir un cerveau vert, il serait temps d’avoir une vraie prise de conscience sur notre impact. Nous sommes tous innocents, et pourtant tous coupables.

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